Salut les gens ! Alors, comme on le sait tous, on a vécu une période un peu particulière, et même si on peut désormais se déplacer sans avoir une ribambelle de justificatifs digne d'un dossier d'agence immobilière, le virus est toujours là, et je sais pas vous, mais moi je me vois pas faire le tour du monde en ce moment. Qu'à cela ne tienne, j'ai décidé de faire le tour de mondes plus ou moins imaginaires, tous plus différents les uns que les autres. Et comme je suis une personne dotée d'une grandeur d'âme et d'une générosité sans failles (et d'humilité, de toute évidence), je vous offre un ticket pour ce voyage incroyable ! Attention, dépaysement assuré ! On commence fort avec une petite merveille qui fleure bon les épices, les pâtisseries au miel et la magie ancestrale, j'ai nommé Mojunsha, Panthère-des-Ténèbres, écrit par Sara Pintado et publié aux éditions Noir d'Absinthe. J'ai dévoré ce pavé de presque 500 pages en pleine panne de lecture. Bon, le piège c'est que forcément, après j'ai replongé dans la panne parce que c'était compliqué de trouver un roman au même niveau. Enfin bref, je digresse, mais c'était pour vous donner le ton. Dans ce roman, nous suivons des personnages extrêmement différents sur des dizaines d'années, dans un monde où les dieux sont des animaux mystiques qui papotent volontiers avec leurs disciples, que ce soit pour les conseiller ou même leur filer un coup de main avec des pouvoirs plus ou moins sympatoches. Ce monde est aussi plein de tensions politiques, notamment entre le peuple déchu des Kunji et les Mojunsha qui dirigent le Royaume Mojun depuis presque un millénaire, mais aussi aussi aux frontières maritimes, sillonnées par des pirates. Raconté comme ça, ça peut faire peur, c'est un univers très complexe et on pourrait avoir peur de se perdre. Mais c'est là qu'on découvre le génie de Sara Pintado : elle maîtrise complètement son univers et réussit à le retranscrire avec une fluidité incroyable, sans jamais nous perdre. Mais ce n'est pas tout ! Ce roman, en plus de vous embarquer dans une aventure incroyable, vous fera vivre des émotions fortes : colère, attendrissement, frustration, suspense... On en voit de toutes les couleurs et franchement, ça fait du bien. Je dois avouer qu'au début je me questionnais sur un personnage que je n'appréciais pas du tout. Puis je me suis rendue compte qu'il n'était pas écrit pour attendrir, qu'il était justement très bien écrit. On en vient donc à un autre sujet d'émerveillement, l'écriture des personnages. En effet, aucun personnage ne se ressemble, ils sont bien pensés, leur psychologie est approfondie... Un sans faute ! Et au milieu de tout ça, Sara Pintado nous offre des pistes de réflexion sur des sujets complètement contemporains, comme la place de la femme dans la société, les discriminations ethniques, ou encore la pertinence des traditions. Enfin bref, ce roman est un coup de cœur, vous l'aurez compris, et je vous le recommande chaudement si vous avez envie non seulement d'évasion mais carrément de vous immerger dans un univers plein de couleurs, qu'elles soient sombres ou vibrantes, dont vous ressortirez certes épuisés de tant d'aventures, mais également béats de satisfaction. On passe d'un extrême à l'autre avec un petit livre de moins de 100 pages et qui, pourtant, contient tant de choses : Les Aigles de Vishan Lour, écrit par Pierre Bottero et publié chez Rageot. Ce roman a une histoire un peu particulière : elle avait été publiée périodiquement dans les "J'aime Lire" à une époque, mais on en avait perdu la trace jusqu'à ce que récemment une lectrice en retrouve le texte intégral et l'envoie aux éditions Rageot, qui se sont évidemment fait une joie de publier cette petite intégrale pour que tout le monde puisse redécouvrir ce texte très peu connu. Pourquoi le lire ? C'est une histoire courte qui pourra vous offrir une petit pause agréable, qui vous permettra de découvrir ou de vous replonger dans les mondes de Pierre Bottero, avec sa plume si fluide et poétique. C'est une petite histoire complète, qui réussit à interroger sur les différences et même les conséquences de naître dans telle ou telle classe sociale. Une œuvre simple, sans prétention, dans laquelle on plonge avec délectation pour une petite heure dans les mondes de Sir Bottero. On change encore du tout au tout avec cette fois-ci un roman graphique absolument superbe, Un Rêve de Renard, écrit et illustré par la merveilleuse Minna Sundberg et publié chez Akiléos. Je vous ai déjà partagé mon amour pour cette autrice ainsi que pour cette maison d'édition, donc je savais déjà que j'allais me régaler avec cette œuvre, dans laquelle on découvre une partie de la mythologie finlandaise. Et une fois de plus je suis conquise ! Que ce soit l'écrin, le travail éditorial, l'histoire, les pages informatives à la fin, les couleurs, le découpage des planches... Tout est réussi et maîtrisé, pour nous plonger dans une aventure onirique (littéralement) des plus rocambolesques. Le speech : Bébé Renard, un esprit (et un petit con, surtout) fait une boulette qu'il essaie de couvrir en mettant à contribution un jeune homme pour que son village ne soit tout bonnement pas rayé de la carte. Accompagné de son chien devenu métamorphe, il va devoir aller à l'encontre de sa misanthropie pour sauver tous ces villageois dont il évite normalement le contact au plus possible. Vraiment, je ne sais pas quoi vous dire à part que c'est une merveille absolue. Si vous voulez faire un cadeau à quelqu'un, ou même à vous-même pour fêter quelque chose, c'est l'occasion de craquer pour ce roman graphique qui m'a subjuguée tant par sa beauté que par son récit et ses messages de camaraderie. FONCEZ ! Ah je vous avais promis du dépaysement, j'avais pas menti hein ! Il est désormais temps de décoller pour le continent africain, au Nigéria pour être plus exacte, avec Akata Witch de Nnedi Okorafor, publié aux éditions de l'école des loisirs. Bon, avant de vous parler de ce livre et de pourquoi je l'ai autant aimé (coup de cœur en approche, attention !) on va parler de quelque chose que j'ai déjà rapidement abordé sur Instagram : NON Akata Witch n'est PAS un Harry Potter nigérian. NON, NON, et re-NON ! En-dehors du fait qu'on découvre un monde magique à travers les yeux d'une jeune novice (ce qui est une simple mécanique pour ne pas perdre le lecteur dans un monde complexe, dont beaucoup de romans usent), ça n'a rien à voir. Voilà comment le décrire, d'après les mots de l'autrice elle-même : un roman jeunesse d'africanjujuism. Maintenant, parlons de cette pépite : on y suit les aventures de Sunny, jeune fille née aux Etats-Unis de parents Nigérians, et revenue avec sa famille vivre au Nigéria à ses 9 ans. Sunny n'a déjà pas de base une vie facile étant donné qu'elle est non seulement albinos, mais qu'en plus son père aurait préféré avoir un garçon et le lui fait bien comprendre. Puis elle va se faire deux amis, un garçon de son école et sa voisine, une jeune fille un peu étrange qui n'est pas scolarisée et vit dans une hutte presque délabrée avec sa mère. Ces deux amis vont révéler à Sunny sa vraie nature et s'ensuivent des péripéties parfois drôles, parfois moins. Vraiment moins. Notamment quand un tueur en série rituel commence à frapper autour de chez eux. Pourquoi j'ai adoré ? Déjà, même si on commence enfin à en entendre un peu plus parler ces dernières années, la fiction africaine n'est pas beaucoup mise en avant, et ça fait plaisir que ce roman soit aussi présent sur les réseaux. Et du coup, ça nous ouvre les portes d'une partie du monde qu'on n'a pas forcément l'habitude de lire. J'ai adoré découvrir une partie de la culture nigériane, du juju aux groupes ethniques, et ça m'a donné envie d'en découvrir beaucoup plus. +1 pour la culture ! Ensuite, il y a la plume de Nnedi Okorafor, qui est incroyable et difficilement descriptible. Une plume très franche, au rythme presque saccadé, pleine d'honnêteté et dont la simplicité ne met que plus en relief les quelques moment lyriques emplis de poésie. C'est peut-être pas très clair, alors mon conseil, c'est de la lire pour comprendre. Cette autrice a une manière d'écrire que je n'ai vu nulle part ailleurs, et moi qui suis pourtant une fervente supportrice de la plume fluide, j'adore. On sait quand on lit du Nnedi Okorafor, et ça, ça veut tout dire. +1 pour la technique ! Puis il y a le récit, extrêmement bien rythmé et porté par des personnages très différents qui apportent chacun un point de vue personnel sur le juju ou l'éducation, avec au milieu cette héroïne un peu paumée mais qui a soif de connaissances et d'indépendance. +1 pour la narration ! Et finalement il y a les messages contenus dans le texte. Le mépris interracial, voire parfois même intraracial, la place de la femme, la tradition, la morale... des sujets qui ne sont pas abordés de manière moralisatrice, mais seulement comme des pistes de réflexion pour que le lecteur se fasse son propre avis, et qui en plus peuvent nous ouvrir un peu les yeux sur tout ce qu'on ne connaît pas de notre monde. Je ne sais pas vous, mais moi à l'école on m'a pas beaucoup parlé de l'Afrique, ou alors seulement pour me parler des colonies et du commerce d'esclaves. Concrètement, avant de commencer à lire cette autrice il y a quelques années, je ne me rendais même pas compte à quel point j'avais un trou dans ma culture. Je ne sais rien des traditions africaines, je ne sais rien de leur développement avant que les blancs ne viennent les envahir et de ce qu'il leur reste de cela. Je ne sais rien, mais bordel j'ai envie d'apprendre maintenant. (D'ailleurs au passage, si vous avez de la documentation à me conseiller sur le sujet, je suis carrément preneuse !) Enfin bref, des thématiques abordées de manière à nous faire réfléchir, et abordées d'un point de vue qu'on n'a pas l'habitude de rencontrer. +1 pour le cerveau ! EN CONCLUSION (enfin me direz-vous !), j'ai adoré ce roman, une véritable pépite qui non seulement m'a transportée dans l'onirisme du Nigéria, mais en plus m'a fait beaucoup réfléchir (comme vous pouvez le voir), notamment dans le contexte actuel. Donc non, je ne vous le conseille pas. Je vous ordonne carrément de le lire et de faire tourner ! Aidons-nous de la littérature, de fiction ou pas, pour mieux découvrir notre monde et apprendre tout en passant un bon moment. Et on termine avec une merveille des éditions Rivka, Gods of Men de Barbara Kloss. Déjà, on peut s'arrêter deux secondes sur cette couverture ? Sur cette édition hardback avec des illustrations intérieures ? Rien que l'objet est magnifique ! Le travail éditorial est dingue ! Et il contient une histoire moult bien (si si, c'est français... enfin presque). On y suit les aventures d'une jeune femme avec des pouvoirs magiques dans un monde où la magie est au mieux mal vue et interdite, au pire passible de mort selon les pays. Pas ouf donc. Et cette jeune fille c'est la batârde du dirigeant de l'une des Cinq Provinces, qui découvre ses pouvoirs en plein repas diplomatique, tuant au passage sa petite sœur par accident. Vraiment pas ouf son départ dans la vie. Du coup elle fuit, traverse le continent et va se paumer dans les Landes Sauvages, territoire sauvage pas franchement accueillant, pour devenir guérisseuse. Je vous ai dit que sa vie était pas ouf ? Enfin bref, l'histoire commence vraiment quand débarque un jeune homme fortuné venu lui demander son aide pour aider son père, gravement malade. Et là, sa vie passe de pas ouf à franchement pourrave, alors que ça paraissait au début être une bonne opportunité pour reprendre à zéro. HAHA LE FUN ! Bon, pour être tout à fait honnête j'en rajoute un peu, mais sachez quand même que c'est pas un roman de fantasy plein de joie et de papillons. Ceci dit, il y a de vrais moments de poésie, de la beauté et du lyrisme à l'état pur, disséminés au milieu des péripéties de nos deux protagonistes. C'est une histoire qui avance à toute allure, de révélation en complot, et ces petite pauses arrivent toujours pile au bon moment pour nous permettre de reprendre notre souffle. Ce qui est sûr, c'est que vous n'allez pas vous ennuyer ! Il y a quand même un petit détail qui m'a chiffonnée : les distances. Je ne les trouve pas très crédibles. On ne traverse pas une mer en six heures, on ne traverse pas un pays qui fait la moitié du continent en quelques jours à pieds. Et je dois avouer que ça me sortait parfois de mon immersion. Mais comme je l'ai dit, ce n'est qu'un détail, perdu au milieu de plein de bonnes choses : des personnages complexes et bien pensés, une narration fluide qui véhicule beaucoup d'émotions comme la peur, l'injustice, l'épiphanie, le trouble, voire la haine (pour un personnage en particulier que j'ai imaginé mille fois mourir dans d'atroces souffrances), et un véritable voyage qui vous transportera des terres nordiques au désert parfois si luxuriant, en passant par les reliefs continentaux. C'est donc un roman de fantasy comme on les aime, qui nous transporte et nous fait vivre des aventures incroyables, et qui en plus fera super joli dans la bibliothèque. Mais que demande le peuple ? Et voilà, cet article (ce pavé) est terminé ! J'espère que le catalogue de notre agence Petite Soucoupe Travel est assez fourni et varié pour vous. N'hésitez pas à me dire si vous avez déjà visité certaines des contrées exposées ici, et ce que vous avez pensé de votre voyage ! D'ailleurs je suis curieuse, où les livres vous ont-ils fait voyager pendant cette période ? Petite Soucoupe Out !
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#PetiteSoucoupeMeilleure amie de La Tasse, je partagerai mes avis ici car mes goûts de lecture sont biens différents de ceux présentés habituellement sur le blog ! Archives
Juin 2020
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